Levez-vous et vivez, et voyez qui je suis !
J’écoutai le Seigneur, j’obéis, et je dis :
Esprit, soufflez sur eux du couchant, de l’aurore ;
Soufflez de l’aquilon, soufflez !… Pressés d’éclore,
Ces restes du tombeau, réveillés par mes cris,
Entre-choquent soudain leurs ossements flétris ;
Aux clartés du soleil leur paupière se rouvre,
Leurs os sont rassemblés, et la chair les recouvre !
Et ce champ de la mort tout entier se leva,
Redevint un grand peuple, et connut Jéhova !
Mais Dieu de ses enfants a perdu la mémoire :
La fille de Sion, méditant ses malheurs,
S’assied en soupirant, et, veuve de sa gloire,
Écoute Jérémie, et retrouve des pleurs.
Le Seigneur, m’accablant du poids de sa colère,
Retire tour à tour et ramène sa main.
Vous qui passez par le chemin,
Est-il une misère égale à ma misère ?
En vain ma voix s’élève, il n’entend plus ma voix.
Il m’a choisi pour but de ses flèches de flamme,
Et tout le jour contre mon âme
Sa fureur a lancé les fils de son carquois.
Sur mes os consumés ma peau s’est desséchée ;
Les enfants m’ont chanté dans leurs dérisions ;
Seul, au milieu des nations,
Le Seigneur m’a jeté comme une herbe arrachée,