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COMMENTAIRE


DE LA TRENTE-DEUXIÈME MÉDITATION




C’était en 1819.

Je vis un jour entrer dans ma chambre haute du grand et bel hôtel de Richelieu, rue Neuve-Saint-Augustin, que j’habitais pendant mon séjour à Paris, un jeune homme d’une figure belle, gracieuse, noble, un peu féminine. Il était introduit par le duc Matthieu de Montmorency, depuis ministre, et gouverneur du duc de Bordeaux. M. Matthieu de Montmorency, célèbre par son rôle dans la révolution de 1789, puis par son amitié pour madame de Staël, enfin par son dévouement à la maison de Bourbon, m’honorait d’une bienveillance qui ne coûtait rien à son caractère surabondant de tendresse, d’âme, et de grâce aristocratique : égalité qu’il voulait bien établir de si haut et de si loin entre lui et moi, la plus charmante des égalités, parce qu’elle est un don du cœur, et non une exigence de l’infériorité sociale.

Ce jeune homme était le duc de Rohan, depuis archevêque de Besançon et cardinal.