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POÉTIQUES.

Le bord s’efface, le bruit cesse,
Le silence occupe les airs.
C’est l’heure où la Mélancolie
S’assied pensive et recueillie
Aux bords silencieux des mers ;
Et, méditant sur les ruines,
Contemple au penchant des collines
Ce palais, ces temples déserts.


Ô de la liberté vieille et sainte patrie !
Terre autrefois féconde en sublimes vertus,
Sous d’indignes Césars[1] maintenant asservie,
Ton empire est tombé, tes héros ne sont plus !
               Mais dans ton sein l’âme agrandie
Croit sur leurs monuments respirer leur génie,
Comme on respire encor dans un temple aboli
La majesté du dieu dont il était rempli.
Mais n’interrogeons pas vos cendres généreuses,
Vieux Romains, fiers Catons, mânes des deux Brutus !
Allons redemander à ces murs abattus
Des souvenirs plus doux, des ombres plus heureuses.


Horace, dans ce frais séjour,
Dans une retraite embellie
Par le plaisir et le génie,
Fuyait les pompes de la cour ;
Properce y visitait Cynthie,
Et sous les regards de Délie

Tibulle y modulait les soupirs de l’amour.

  1. Ceci était écrit en 1813.