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COMMENTAIRE


DE LA QUINZIÈME MÉDITATION




Cette ode est un des premiers morceaux de poésie que j’aie écrits, dans le temps où j’imitais encore. Elle me fut inspirée à Paris en 1817, par les infortunes d’un pauvre poëte portugais appelé Manoël. Après avoir été illustre dans son pays, chassé par des réactions politiques, il s’était réfugié à Paris, où il gagnait péniblement le pain de ses vieux jours en enseignant sa langue. Une jeune religieuse, d’une beauté touchante et d’un dévouement absolu, s’était attachée d’enthousiasme à l’exil et à la misère du poëte. Il m’enseignait le portugais, et m’apprenait à admirer Camoëns.

Les poëtes ne sont peut-être pas plus malheureux que le reste des hommes ; mais leur célébrité a donné dans tous les temps plus d’éclat à leur malheur : leurs larmes sont immortelles ; leurs infortunes retentissent, comme leurs amours, dans tous les siècles. La pitié s’agenouille, de génération en génération, sur leur tombeau. Le naufrage de Camoëns, sa grotte dans l’île de Macao, sa mort dans l’indigence, loin de sa patrie, sont le pen-