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ANTONIELLA.

impitoyablement son jeune clerc Lorenzo et de le faire partir comme recrue, pour un régiment qui tenait garnison en Sicile.

Cette double nouvelle, que le piccinino voisin nous rapporta sans préparation, et qui nous jetait dans un isolement complet, me déchira l’âme et porta à mon père le coup de la mort. En la recevant, il tomba dans l’agonie, mais il n’eut point de délire : il joignit ses deux mains maigres sur sa poitrine, et mourut doucement quand la force lui manqua pour retirer sa dernière respiration. Mes lèvres, en cherchant à baiser encore une fois ses yeux, n’y trouvèrent plus de regard, mais y sentirent une larme.

Il était mort en parlant de ma mère et en pleurant sur moi !… Grand Dieu ! Est-ce