Page:Lamartine – Antoniella.djvu/80

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
ANTONIELLA

ses yeux, noirs aussi et larges, regardaient avec beaucoup de timidité et de modestie, comme des yeux de femme ; sa bouche, fine et mélancolique, avait des plis de grâce et de tendresse aux deux coins.

Il ne disait jamais rien pendant que son maître était là, et quand il venait seul, il ne disait que juste ce qu’il avait à dire. Sans que nous nous fussions jamais parlé, nous nous regardions souvent, mais jamais en face. Il restait penché sur le lit de mon père, et, moi, je demeurais attentive à ce qu’il disait, mais sans lever les yeux, assise au soleil sur les marches de la porte. Je savais par cœur sa figure et sa voix ; mais jamais, jamais nos regards ne s’arrêtaient les uns sur les autres.

La première fois que je lui parlai ce fut