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ANTONIELLA

XXVIII

Jusque-là, cependant, nous ne souffrions pas trop de la misère. Mon père avait conservé sous son matelas, dans une bourse de maroquin, une assez, forte économie qu’il avait amassée depuis quinze ans pour ma dot ; de temps en temps, il m’y faisait prendre, écu par écu, de quoi acheter ce qui était nécessaire à notre pauvre petit ménage, ou plutôt le pain nécessaire pour moi avec le lait de la chèvre ; car lui ne mangeait plus que quelques figues séchées que je lui faisais attendrir dans le lait, pour l’empêcher de mourir d’inanition.