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ANTONIELLA

torze ans, à garder les troupeaux de chameaux de son maître. Celui-ci, content de ses services, lui confia la surveillance de son harem. Heureusement ou malheureusement, ce que l’amour de la liberté n’avait pu faire, c’est-à-dire l’engager à fuir, l’amour pour une enfant du harem, fille de son maître, lui donna le courage de l’entreprendre. Il l’avait vue naître, il l’aima quand elle grandit ; l’enfant perdit sa mère, il s’y attacha davantage, et l’orpheline s’attacha également à lui. Il était encore jeune, il était seul à la voir, il en avait le soin qu’une tendre nourrice prend à l’enfant qu’elle a élevé ; son père, absorbé par les autres femmes de son harem, la négligeait : ils s’aimèrent sans se douter qu’ils s’aimaient.