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ANTONIELLA.

— Oh ! monsieur, s’écria-t-elle tout à coup, comme si un ange lui eût ouvert les lèvres, oui, si cela peut sauver Lorenzo, je surmonterai tout, même la honte, et j’aurai le courage de remuer au fond de mon cœur ce bourbier d’infamies, dont le seul souvenir, maintenant que je ne suis plus dominée par la passion qui me possédait et m’aveuglait alors, se répand sur mon âme comme une odeur de mal’aria ! Encore ce sacrifice pour expier ma vie, et pour en sauver une plus précieuse que la mienne ! Venez demain, ajouta-t-elle ; mais venez tard, à l’heure où le jour baisse et où je pourrai croire que je ne parle qu’à Dieu et à la sœur Angélique ; car le grand jour pénètre comme un glaive dans le cœur des criminels tels que moi ; l’ombre de leur