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ANTONIELLA

— Et comment donc, dit l’Abruzzienne, la Providence vous a-t-elle donnés à moi et à mon mari ?

— Un soir, il vint des hommes avec des sabres dans la cour de notre maison, au Ramero ; ils nous arrachèrent des bras de notre mère Annunziata, et nous emportèrent dans une maison sans mère. Nous y restâmes dans les larmes. Quelque temps après, une jeune femme des montagnes, c’était vous, vint nous marchander et nous prendre. Elle était mariée depuis deux ans, disait-elle, à un jeune bûcheron de la forêt ; elle n’avait point d’enfant et elle s’ennuyait dans sa chaumière pendant que son mari était à l’ouvrage. Elle nous aimerait bien aussi et nous l’aiderions à paître ses chèvres dont elle nous donnait le lait.