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ANTONIELLA

reconnu dans l’accent du jeune capitaine une voix qui lui rappela son enfance et les montagnes qu’habitait son père.

— Allah Kherim ! lui disait son vieux lieutenant, comment trouves-tu cette belle étrangère que le sort de notre cause nous a livrée presque sans combat cette nuit ?

— La fumée de la poudre et le respect pour les femmes m’ont empêché d’y attacher mes regards, lui répondit le jeune homme.

— Elle est belle comme la fille du prophète, reprit le lieutenant, et Allah te l’envoie peut-être pour esclave et pour épouse. Son visage ressemble au tien ; ne la mets pas en vente au bazar des esclaves quand nous serons arrivés à Tripoli ; mais garde-la pour ta part de prise et conduis-la