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ANTONIELLA.

du faubourg de San-Martino. Ce récit groupa les soldats pour l’entendre, et fit frémir d’horreur tout l’auditoire.

« J’ai bien connu, dit la vivandière, la femme de l’invalide, Annunziata. C’était pourtant une bonne mère, qui avait refusé de vendre ses jumeaux à une bohémienne. Elle avait la physionomie d’une Madone après le crucifiement de son fils, bien pâle, bien souffrante, mais bien douce ! Comment se fait-il que tant de maternité se soit tout à coup changé en tant de férocité ?

— Elle aura voulu sauver la réputation de la jeune servante Antoniella, laquelle lui aura demandé ce service, s’écria un caporal qui avait écouté l’histoire. Ces jeunes filles ont souvent plus mauvais cœur que les autres, parce qu’elles ne connaissent pas