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ANTONIELLA.

malade, avait été enlevé de la maison de sa mère pour aller servir le roi dans l’armée de Sicile.

Je le voyais souvent, le jour ou la nuit, devant le lit de mon père, debout derrière son maître le vieux praticien, les deux mains jointes sur sa pauvre robe d’écolier, le front baissé par la modestie, ses deux beaux yeux noirs demi-fermés, pour mieux entendre et pour mieux retenir, ses longs cheveux pendants sur son habit ; je ne sais quoi de gracieux et de féminin dans l’expression, quoique de sérieux et de triste dans la physionomie, et laissant échapper par moments un regard vague qui m’enveloppait comme une atmosphère, et qui me semblait aussi tiède qu’un vent d’été sur la mer du Pausilippe.