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ANTONIELLA

ta folie de la nuit suprême ; oui, sans la résolution criminelle, mais salutaire, nos enfants seraient morts, et le matin eût révélé aux passants quatre victimes de la faim dans les bras les unes des autres. Tu nous as perdues, mais tu les as préservés ; tu as été la main de la Providence, dure, mais nécessaire. Je te pardonne, et que Dieu te bénisse ! Mes enfants te doivent, et ils te devront ce que leur mère, au cœur de mère, n’aurait jamais eu la force de leur donner : la vie, aux dépens de sa mort et de son honneur ! Cet honneur, tu le rendras avec usure à mon nom, après mon supplice. On ne dira plus : « Cette mère a tué un enfant !» on dira : « Cette mère s’est laissé tuer pour ses fils ! » J’accepte ! j’accepte ! j’accepte ! Fais et dis ce que tu