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ANTONIELLA

d’invalide, et qu’elle avait beaucoup d’espoir que ses enfants, retirés de la Miséricorde, lui seraient rendus le jour où elle serait elle-même reconnue innocente de toute complicité avec moi.

Toutes mes inquiétudes et tous mes soucis sur le sort des jumeaux, que je voyais nuit et jour exténués de misère et mourant de faim sur mes genoux, me remontèrent en foule dans la tête et vinrent donner de nouveau assaut à ma sensibilité.

Comme je n’osais m’entretenir avec aucune de mes compagnes de prison de mes idées à ce sujet, ces idées, bientôt pétrifiées en moi par l’uniformité et par l’obsession de ma tendresse pour les enfants et pour la mère, devinrent une espèce de manie dans ma solitude, et je ne pensai plus qu’à m’en