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ANTONIELLA.

coupables ou non, étaient en prison, on prenait les enfants et on les nourrissait à la maison des orphelins, aux frais de l’État et par les mains des sœurs de la Miséricorde ; et que l’État payait leur pension jusqu’à l’âge où ils pouvaient eux-mêmes gagner leur vie. Eh bien, puisqu’il en est ainsi, perdons notre réputation, et faisons-nous jeter dans les cachots de la Vicaria, à tout prix et à tout risque ! Annunziata aimera mieux mourir que de sauver même ses jumeaux par l’apparence d’un crime ; mais moi, qui ne suis pas la vraie mère, je ferai violence à ses scrupules, je l’entraînerai malgré elle dans ma perte ; on prendra de force nos pauvres affamés, on les emportera aux orphelins de la Miséricorde, on leur donnera en abondance du pain et du lait,