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ANTONIELLA

aumônes. Mais, quand nous vîmes comment elle pinçait la peau sous la chemise d’un nourrisson qu’elle portait sur son dos. pour exciter la pitié du peuple par ses larmes, nous reculâmes d’horreur, et nous dîmes :

« Va-t’en ! et ne repasse jamais devant la maison de vraies mères ! »

Je disais les mères, parce que l’amitié que j’avais pour Annunziata, et celle que les jumeaux avaient conçue pour moi en couchant pêle-mêle sur nous deux, ne leur laissaient pas sentir de qui ils étaient nés, et qu’ils nous appelaient indifféremment l’une et l’autre du nom de mère.

La bohémienne s’en alla en riant de notre scrupule, et nous prophétisant que nous ne tarderions pas à nous repentir de