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ANTONIELLA

notre extrême indigence, nous convainquit bientôt de vol, ou tout au moins de maraudage, bien que nous fussions morts de faim tous les quatre, plutôt que de dérober à personne un débris de brocoli.

Nous tombâmes dans le désespoir. Annunziata ne trouva plus qu’avec peine à louer son battoir aux laveuses des environs ; on craignait qu’elle n’enlevât le linge qu’on lui confiait. La pâleur et la maigreur de nos innocents jumeaux s’accrurent tous les jours ; et, quand il n’y eut plus un sou à gagner pour les nourrir, nous fûmes obligées de les mener par la main dans les marchés éloignés de Naples, pour en rapporter quelque vile nourriture donnée par les revendeurs, en payement des places nettoyées par nous pour qu’ils pussent éta-