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ANTONIELLA

et à craindre que nous n’empruntions, sur ce qui leur appartenait au Monte-Napolitano ; elles nous retirèrent peu à peu leur pratique. Annunziata, n’ayant plus d’ouvrage, fut obligée d’aller se louer à la journée, auprès des fontaines, pour laver en plein air les vestes des lazzaroni. À peine rapportait-elle, le soir, de quoi payer le souper des enfants. Pour nous deux, nous nous contentions, pendant la saison des fruits, de manger, sans pain, les pelures qu’elle trouvait sur les fumiers du faubourg ou aux embouchures des égouts ; il m’en fallait, à moi, bien peu ; car tout mon travail consistait à garder les enfants jusqu’au retour de leur mère. Tantôt je jouais avec eux, tantôt je pleurais en les regardant, encore beaux et insouciants, parce qu’ils