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ANTONIELLA.

bronze contre un fourneau en terre cuite, qui nous avait coûté un seul grano. Le lit du mort et ses matelas, qui nous avaient paru inutiles, la table, les chaises de la chambre, avaient été successivement vendus aux marchands ambulants, qui revendent à gros bénéfice la vieille dépouille des morts.

Quant à nous, nous n’avions plus rien sur le corps que de quoi couvrir à peine notre nudité. Les enfants seuls étaient encore propres, parce qu’il leur fallait si peu de chose pour les parer ! Mais tous ces dépouillements, en nous profitant d’un côté. nous nuisaient de l’autre ; les femmes du voisinage, en venant apporter ou retirer leur mince roba, et en voyant diminuer tous les jours nos meubles, gage de leur confiance, commencèrent à s’alarmer pour leur linge