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que par l’extrême dureté de cette dernière masse de pierre et de ciment.

Les guerres de la Ligue ont eu pour résultat, à Saint-Brieuc, comme dans beaucoup d’autres villes, de ruiner pour longtemps la population. Les comptes, analysés plus haut, nous ont fait connaître la situation de Saint-Brieuc pendant les années les plus tristes de cette période. Après la guerre, on eut la famine et la peste. On apprend, en effet, par quelques anciennes notes du chapitre, que le 10 juillet 1598, le trésorier reçut l’ordre de fermer l’église après le service divin, « à cause de la maladie qui commence » et que, le 17 juillet, on fit « à cause de la contagion » une procession générale, où l’on porta les chefs de saint Brieuc et de saint Guillaume. En vain le sénéchal Ruffelet défendit-il, cette même année, sous peine d’amende et du fouet, de vendre et d’acheter les lins et filasses « venant des villes de Lanvollon, Pontrieux, Quintin, Estables, Chatelaudren et aultres lieux infectez », il fut impossible de maintenir ce cordon sanitaire, par suite du renchérissement des denrées, et il fallut, dès 1599, faire appel aux étrangers, au lieu de les repousser.

Ainsi finissait ce xvie siècle, si brillamment commencé, si bien continué jusqu’aux guerres de la Ligue.


III. — ORGANISATION INTÉRIEURE.


Il serait injuste de ne pas noter ici quelques-uns des éléments nouveaux que la population de Saint-Brieuc a trouvés au cours de cette période, et qui lui ont permis de résister aux désastres de la fin.

L’aisance avait augmenté sous l’influence de la paix intérieure ; le prix des terres était devenu plus élevé, celui des céréales également, tout en subissant des variations considérables. Ainsi, en 1525, le froment le plus beau valait 10 sous, la perrée ; le seigle, 6 sous ; en 1538, le froment, 25 sous ; le seigle, 22 sous 6 deniers ; l’avoine grosse, 10 sous ; l’avoine menue, 5 sous ; en 1550, le