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ments furent déposés dans une châsse qu’on suspendit au-dessus du tombeau. Il est question, en effet, dans un rentier du chapitre, d’un autel appelé « l’autel sous la chasse, altare subter cassam beati Guillelmi », où l’on desservait les fondations faites en l’honneur du saint.

À ce sujet, ajoutons immédiatement qu’en faisant reconstruire, au xve siècle, l’ancienne chapelle de saint Guillaume, sous le nom de chapelle du Saint-Sacrement, on a eu soin d’y conserver, à l’entrée, le tombeau de son premier patron. Ce tombeau, dans son dernier état, était élevé de quelques pieds et supportait une statue d’évêque, en granit, également du xve siècle. Il a donc été restauré, mais du moins nos pères ne l’ont pas déplacé, et, pendant des siècles, ils l’ont même entouré d’un culte mérité. Ce monument leur rappelait si bien , sous les voûtes de la vieille cathédrale, le grand évêque qui en avait posé la première pierre et qui a été, au xiiie siècle, le champion le plus énergique de la liberté religieuse en Bretagne ![1].

  1. Les reliques de saint Guillaume depuis la Révolution. — La châsse, qui était placée au-dessus du tombeau, fut transportée dans la sacristie, en 1794, par le vicaire constitutionnel, M. Paturel, qui l’y retrouva en 1799. Une commission nommée, en 1847, par Mgr Le Mée, en vérifia le contenu et en dressa procès-verbal. On y reconnut quelques lambeaux de toile et de soie ; deux étoles ; un sac contenant de la poussière d’ossements ; des ossements, ayant des rapports anatomiques avec ceux de l’autre reliquaire et appartenant, d’après le rapport de deux médecins, à un corps de haute stature ; un denier du duc Jean Ier, qui vivait à l’époque où les restes du saint furent levés de terre ; une bande de parchemin portant ces mots, en caractères du xiiie siècle : Hic est carnis et pulvis beatissimi Guillelmi. — L’ouverture du tombeau, faite à la même époque, prouva qu’il n’y restait plus d’ossements. Les procès-verbaux, que nous venons de résumer, ont été publiés par M. S. Ropartz, dans son avant-propos de la Vie de saint Guillaume, par La Devison.

    Aujourd’hui, le chef de saint Guillaume et les restes de saint Brieuc sont déposés à la sacristie de la cathédrale, dans un reliquaire donné par Mgr de Quélen. Un autre reliquaire contient aussi quelques ossements de saint Guillaume (un tibia et un fémur) ; mais les fidèles cherchent en vain, dans la cathédrale, l’antique tombeau qui a été vénéré par tant de générations. En faisant la nouvelle installation de la chapelle qui le renfermait, on a trouvé qu’il gênait la circulation et on l’a détruit, au lieu de le déplacer. La pierre supérieure du soubassement a été transportée au-dehors, près de l’une des portes de l’église ; la statue tumulaire a été recueillie dans la chapelle de Saint-Guillaume, que des mains pieuses ont relevée, à l’entrée de la ville, sur les ruines de l’ancienne collégiale. — Pourquoi donc ne relèverait-on pas aussi, dans la cathédrale, le tombeau et le culte d’un saint qui lui appartient à tant de titres ? Bien des voix l’ont demandé et le demandent encore. C’est à l’évêque qui occupe le siège de saint Guillaume, d’apprécier s’il convient que ce vœu soit réalisé.