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D’un autre côté, l’évêque que Pierre Mauclerc avait persécuté fut glorifié non seulement en Bretagne, mais dans le monde chrétien. L’épiscopat de Philippe est, en effet, rempli tout entier du nom et des œuvres de saint Guillaume. La construction de la cathédrale fut reprise après deux ans d’interruption. L’exécution des travaux ayant obligé de déplacer le tombeau de Guillaume, et par suite de l’ouvrir, on fut étonné de trouver le corps parfaitement conservé, « aussi beau et vermeil, dit le chroniqueur, sans aucune lesion ny putrefaction, comme le propre iour qu’il y auoit esté mis. »[1]. Tout le monde voulut le voir et le toucher ; on constata plusieurs miracles, et bientôt les offrandes affluèrent à tel point qu’on vit se réaliser cette promesse du saint évêque : qu’il achèverait son église, vif ou mort.

Philippe s’empressa de réunir les preuves des vertus éminentes de Guillaume. L’enquête, faite à ce sujet, fut si décisive que la bulle de canonisation fut promulguée en 1247, le dix-septième jour avant les calendes de mai, treize ans seulement après la mort du Bienheureux[2]. Cette bulle était adressée par Innocent IV à saint Louis. Elle ne fait qu’énumérer les miracles authentiquement constatés ; mais elle est néanmoins importante, car les documents de l’enquête ont depuis longtemps disparu. C’est dans ces documents qu’on aurait appris d’intéressants détails sur la jeunesse, la vie intime et même la mort de saint Guillaume. Ces détails ne se trouvent nulle part, pas plus dans la Chronique que dans les Offices, et La Devison a eu soin de signaler cette lacune, en écrivant son histoire.

L’année qui suivit la canonisation, au mois de mai 1248, le corps de saint Guillaume fut levé de terre[3] et exposé à la vénération des fidèles. C’est à cette époque, ou peu de temps après, qu’on partagea ses reliques. La tête fut conservée dans un reliquaire particulier ; les autres osse-

  1. Vie de saint Guillaume, par La Devison, p. 192.
  2. id. p. 205.
  3. « Levatum fuit corpus sancti Guillelmi, confessoris, mense maii mccxlviii. » (Chronicon Britannicum, dans l’histoire de dom Morice).