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exposé les nombreuses vicissitudes. Le dénouement semble cependant approcher, car les ouvriers ont repris possession du bassin à flot. On annonce même l’achèvement des travaux pour l’année prochaine.

Il est temps qu’on profite du bassin accordé par la Chambre des députés en 1864, car, sous l’influence de causes nombreuses, le Légué a perdu son ancienne prospérité. On importe bien encore des bois du Nord, des fers et des charbons ; on exporte des produits agricoles, mais presque tout s’y fait par des navires anglais ; les vieilles maisons de commerce désertent notre port, et les nouvelles hésitent à s’y établir. C’est vraiment dommage, car, depuis l’établissement de nos deux lignes de chemins de fer, complétées bientôt par une troisième, qui va relier le bassin à la gare de Saint-Brieuc, le port du Légué semble plus que jamais appelé à servir d’intermédiaire entre le centre de la Bretagne et l’étranger. Espérons que tant de ressources ne seront pas improductives, et que la ville de Saint-Brieuc retrouvera dans le Légué un élément d’avenir.

Ce qui le fait espérer, c’est que l’industrie locale vient en aide au commerce d’une manière lente, mais sérieuse. Si la rive gauche n’a gardé que quelques armements, une tannerie, une corderie et ses magasins de bois et d’engrais, quelques usines se sont établies sur la rive droite, sous l’active impulsion de la maison Sébert, dont les deux branches centralisent tout le haut commerce à Saint-Brieuc. Elles y ont créé une fonderie, une fabrique d’engrais, une scierie mécanique, en conservant à Saint-Brieuc leurs magasins de vente. La compagnie du Gaz a choisi, pour établir son usine, l’emplacement de l’ancien port Favigo, où les arrivages de charbon se font dans de bonnes conditions.

En remontant la rivière, que de terrains jusqu’au pont de Gouët, et même au delà, attendent le développement de l’industrie et du commerce ! S’il y a, dans les environs du pont de Gouët, quelques usines abandonnées, ce qui indique des essais infructueux, on trouve, un peu plus loin, de riches minoteries et une filature de laines très bien organisée. L’industriel, à la recherche de projets utiles,