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au 43e de ligne, atteint d’un obus en pleine poitrine ; et bientôt un autre de nos camarades du collège de Saint-Brieuc, Auguste Primault, littérateur et poète en même temps que soldat. Malgré ses rares qualités, ce n’est que lentement qu’il était devenu capitaine adjudant-major au 11e de ligne et, en 1870, il voyait le feu pour la première fois ; mais il était de la race des braves. Il fut tué en combattant, un fusil à la main, à Beaumont, le 30 août, la veille de Sedan.

Ainsi mouraient tant de vaillants soldats, sans se plaindre et même avec un peu d’espoir au cœur, tant qu’il fut permis d’espérer. Après Sedan, la lutte prit un autre caractère, avec des retours de confiance et des élans désespérés. Bien que nous nous arrêtions au seuil de cette sombre époque, nous regardons comme un devoir de ne pas séparer dans ce récit ceux que la mort a réunis dans le même sacrifice, et nous allons encore citer jusqu’à la fin de la guerre les noms de nos glorieux martyrs.

L’intérêt alors se concentrait sur Paris. Nos mobiles y avaient été appelés, avant l’investissement, par le gouvernement de la défense nationale. Ils prirent part aux combats d’avant-postes, et aux sorties tentées pour rompre le cercle de fer qui enserrait la capitale. Nous pouvons bien revendiquer comme l’un des nôtres, Charles Miorcec de Kerdanet, juge au tribunal de Saint-Brieuc, qui réclama, des premiers, l’honneur de s’enrôler dans la garde mobile du Finistère, où il fut élu lieutenant. Aussi brave soldat que zélé magistrat, il fut frappé au cœur, le 29 novembre, en attaquant le village de L’Hay, aux portes de Paris.

Deux mois plus tard, un mobile du 4e bataillon des Côtes-du-Nord, Armand Lohan, de Saint-Brieuc, jeune homme plein d’avenir, était tué à Buzenval, dans la sortie infructueuse du 19 janvier 1871.

Entre ces deux dates : 29 novembre 1870 et 19 janvier 1871, de vigoureux efforts avaient été tentés pour dégager Paris, et pour arrêter les corps allemands qui protégeaient l’armée d’investissement. Dans cette lutte acharnée, Saint-Brieuc fut encore dignement représenté.