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question de l’incident primitif. On éleva cette affaire aux proportions d’une lutte entre l’église et l’université. Le ministre de l’instruction publique, croyant le collège menacé, offrit une subvention considérable pour y faire des réparations et y créer de nouvelles chaires. À la suite de la visite de deux inspecteurs généraux, qui firent leurs propositions en séance du conseil, celui-ci décida que l’école supérieure serait annexée au collège, et demanda des secours efficaces pour l’érection de cet établissement en collège communal de première classe, et même au besoin en collège royal. Le ministre étant favorable à cette dernière proposition, la solution dépendait des sacrifices que la ville pouvait s’imposer. Le devis s’élevait à 400,000 fr. Une commission composée de MM. Guiomar, Bienvenue et Bellom, après examen de la situation financière, proposa de faire un emprunt de 250,000 fr., remboursable au moyen de 20 centimes extraordinaires pendant 15 ans. Sur cette somme, 50,000 fr. devaient être affectés à combler le déficit, et 200,000 fr., à reconstruire le collège. Ces conclusions furent adoptées par une forte majorité. Le conseil général accorda une subvention de 145,000 fr., et la transformation du collège, demandée depuis si longtemps, fut décidée grâce à un incident qui avait grandi en raison des circonstances. Cette affaire se prolongea jusqu’aux derniers jours de la monarchie de Juillet, puisque les plus imposés ne votèrent l’emprunt qu’au mois de janvier 1848.

Sans les incidents que nous avons racontés à propos de l’enseignement public, la ville de Saint-Brieuc ne se serait pas ressentie des agitations qui ont rempli la fin du règne de Louis-Philippe. Les élections politiques s’y faisaient avec d’autant plus de calme que la loi électorale n’admettait pas un grand nombre de citoyens à nommer les députés, et que les électeurs des deux collèges de Saint-Brieuc étaient à peu près invariables dans leurs choix. En 1831, ils s’étaient fait représenter par MM. Tueux et Riollay ; en 1834, en 1839, 1842 et 1846, ils le furent constamment par MM. Tueux et Armez, qui suivaient en