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serait spécialement consacré à L’insertion des matières politiques et littéraires, et qu’il y aurait une feuille annexe pour les annonces, les affiches et les avis divers. Cette division, qui semblait annoncer une publication importante, fit ressortir davantage la pauvreté du fond. Nous n’y avons, en effet, trouvé à glaner que quelques détails sur les Cent-Jours.

Les essais dans lesquels se manifesta, sous l’Empire, l’activité des bourgeois de Saint-Brieuc, semblent bien modestes, venant surtout d’hommes qui avaient pris part aux luttes politiques de la première Révolution : c’était peut-être le souvenir de ces luttes sanglantes qui les avait empêchés de tenter de nouveaux efforts, et les avait amenés à se contenter d’une large égalité et d’une liberté restreinte sous un gouvernement fort et glorieux. Lorsque la force et le prestige guerrier de Napoléon eurent disparu, ils acceptèrent sans beaucoup de difficultés la monarchie, qui leur offrait de reconnaître les droits dont ils avaient joui sous l’Empire. Napoléon, à son retour, fut bien obligé de s’appuyer sur les mêmes hommes. Il en résulta que, sous les deux régimes qui se succédèrent d’une façon si rapide dans l’intervalle d’une année, la bourgeoisie ne perdit pas, à Saint-Brieuc, les positions qu’elle avait acquises depuis la Révolution, et qu’elle s’employa, de concert avec l’administration, à y maintenir la tranquillité. Ce fut là son dernier acte, et l’on peut dire que les Cent-Jours virent se terminer la vie politique de la génération qui avait fait la Révolution, mais qui n’avait pas pu la diriger.

Avant de quitter la période impériale, il est juste de rappeler encore une fois les noms de deux hommes qui, sans être originaires de Saint-Brieuc, ont rendu, pendant plusieurs années, des services à notre ville et y ont acquis droit de cité : le général Valletaux et le préfet Boullé.

Né dans la Charente, le jeune Valletaux entra dans la garde constitutionnelle de Louis XVI et s’efforça de protéger le roi et la famille royale, au 20 juin et au 10 août. C’est à son courage qu’il dut tous ses grades jusqu’à celui