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et pour fils saint Guénolé. Il avait entretenu de bons rapports avec Rigwal, son voisin, et sans doute avec saint Brieuc, et il semble même probable que les propriétés de Fracan, réunies à celles de Rigwal, ont formé ce qu’on a plus tard appelé le fief épiscopal.

Brieuc mourut dans un âge très avancé, vers 502, au moment où Clovis, qui venait de se tailler avec l’épée un royaume dans le nord de la Gaule, imposait son alliance aux Armoricains.

Bien que Brieuc soit toujours cité comme évêque, notamment par l’historien d’Argentré, qui prétend « qu’auparavant luy, il y eust evesché et église dédiée de saint Estienne »[1], il n’a pas été cependant à la tête d’un diocèse. Le chanoine La Devison, quoiqu’il fût trop souvent étranger à la critique historique, ne s’est pas trompé sur ce point, parce qu’il était nourri du récit des vieilles chroniques. Toutes ces chroniques, en effet, s’accordent à dire qu’à l’arrivée de Brieuc, notre pays était inculte et presque désert. Les tapisseries qu’on voyait encore, en 1626, dans le chœur de la cathédrale, représentaient le saint en habit de religieux et accompagné de moines occupés à bâtir et à labourer. Cette broderie n’était que la reproduction

  1. À l’appui de cette opinion de d’Argentré, il n’est pas inutile de citer en entier le passage qu’il consacre à Saint-Brieuc : « S’ensuit en ceste mesme coste l’evesché et ville de Saint-Brieuc, dite des Vaux parcequ’il y a force vaux (c’est-à-dire : vallées) à l’entour, qu’on pense estre le biduce des anciens, entre deux petites rivières que Ptolomée appelle Titiun et Argennen qui sont à présent le Trieu et Arguenon. Ceste ville s’appelle du nom de son apostre Saint-Brieuc, combien qu’auparavant luy il y eust evesché et église dédiée de saint Estienne, depuis érigée en cathédrale, survenant ledit saint Brieuc qui estoit natif d’Hibernie, ayant este institué aux lettres à l’escole de saint Germain , evesque de Paris en l’an 540 et depuis fut esleu evesque de Saint-Brieuc par sa doctrine et bonnes mœurs, et à la fin mourant à Angers, fut enterré en l’église de Saint-Serge, en l’an 510 (sic), les reliques duquel du temps d’Alain duc de Bretaigne furent apportées en ce pays, à la requeste de l’evesque et clergé de Saint-Brieuc. » {Histoire de Bretaigne, livre 1, f. 64). — Voilà comment un historien, renommé dans son temps, écrivait, en 1388, l’histoire de Saint-Brieuc !