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III. — ÉPOQUE DE LA PREMIÈRE RESTAURATION ET DES CENT-JOURS (1814-1815).


La première Restauration eut lieu sans secousses à Saint-Brieuc. On disait publiquement que ce n’était pas une révolution, mais un changement de dynastie, « amené par la force des événements ». À Paris, les Chambres continuèrent de siéger ; à Saint-Brieuc, l’administration municipale exerça ses fonctions, comme par le passé, et les conserva même jusqu’à la seconde Restauration.

Le 15 avril 1814, le conseil municipal s’empressa d’adhérer aux actes émanés du sénat et du gouvernement provisoire, « comme annonçant l’aurore d’un beau jour, qui promet à la France le bonheur et son ancienne gloire, sous le règne d’un descendant de Henri IV ». Il envoya une députation porter au roi Louis XVIII le témoignage de ses sentiments. L’administration départementale fit aussi reconnaître le nouveau gouvernement et s’entendit à cet effet avec le comte de Ferrières, commissaire extraordinaire dans la 13e division militaire. Quelques maires furent remplacés, mais il n’y eut de changement dans le haut personnel que le 21 juin. Ce jour là, le préfet Boullé fit ses adieux aux maires. Trois jours après, à 5 heures du soir, le duc d’Angoulême était reçu à Saint-Brieuc et harangué par les autorités, au milieu des transports de joie. Le reste du jour, la ville fut en fête. À 9 heures, le prince alluma de sa fenêtre un feu d’artifice sur la place. Ce fut le signal d’une illumination générale et des danses, auxquelles se livrèrent, toute la nuit, les paysans du voisinage, autour des feux de joie.

Le rétablissement de la monarchie, accompagné de promesses libérales, semblait à un grand nombre annoncer le calme après la tempête.

Le retour de Napoléon de l’ile d’Elbe dut frapper comme un coup de foudre au milieu de cette évolution. Il s’ensuivit un tel bouleversement dans l’administration qu’il serait inutile de demander au registre municipal l’histoire des Cent-Jours à Saint-Brieuc (20 mars au 22 juin 1815).