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l’époque impériale, celui d’une Rosière. La cérémonie se terminait par le mariage de la rosière avec un ancien militaire. La ville donnait à la jeune fille une dot de 600 francs, et le poète en vogue chantait au banquet des couplets en l’honneur de la rosière et de Napoléon. En 1811, à l’occasion de la naissance du roi de Rome, on dansa sur la promenade, et « les fonctionnaires publics se livrèrent à l’attrait du plaisir, en formant les premières contredanses ».

À côté des fêtes politiques, chaque année ramenait, depuis 1807, une fête locale qui plaisait fort à la population, celle des courses de chevaux. Autorisées par décret du 31 août 1805, les premières courses eurent lieu près de la tour de Cesson, sur une vaste grève, le 14 et le 15 juin 1807, dans des conditions très modestes. Le nombre des chevaux engagés ne fut que de neuf, tous de race bretonne, un seul excepté. Le grand prix fut gagné par un cheval de Trédarzec, Canaris, qui fut, ainsi que son propriétaire, un objet de vive curiosité. Comme complément de cette institution, on établit, le 22 juin 1810, une foire dite des courses, dans laquelle on distribua un assez grand nombre de primes. Néanmoins la période de fondation fut très difficile à traverser et les courses furent quelque temps compromises.

La véritable cause de cet insuccès se trouvait dans le malheur des temps. L’année 1812 en effet, c’est la désastreuse campagne de Russie, l’hiver rigoureux et la disette. Dès le mois de mai, le pain de seconde qualité coûtait 5 sous et celui de première, 6 sous 1/2 la livre. Il est vrai que ces prix élevés ne se soutinrent pas, grâce aux efforts de la charité, mais il fallut un dévouement admirable pour répondre à toutes les misères. Quand on fit le recensement des malheureux ayant besoin de secours, le nombre en dépassa 3,000. C’était, suivant l’expression de M. Habasque racontant ce fait, « la moitié de la population qui tendait la main à l’autre ». Après une vérification rigoureuse, la liste de ceux dont les besoins étaient tout à fait impérieux ne put être réduite par le comité d’enquête au-dessous de