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au vœu de la population ; celle de Cesson était mise à la disposition des habitants, à la charge pour eux de l’entretenir ; la ville et ses rues reprenaient les noms de leurs saints patrons et chaque famille renouait ainsi de chères et anciennes habitudes.

En même temps, les hommes honorables qui avaient accepté du gouvernement la mission délicate de gérer les intérêts de la cité, s’en acquittaient avec autant de zèle que d’indépendance. Un de leurs premiers actes fut de réclamer la réunion du Légué à la ville de Saint-Brieuc. Cette demande avait déjà été formulée en 1790 et n’avait échoué que par l’opposition de deux ou trois maisons de commerce de la rive gauche. Une commission, chargée de poursuivre cette affaire, rédigea un mémoire qui nous a fourni d’utiles renseignements, car il rappelle le passé du Légué et les sacrifices faits par Saint-Brieuc pour le développer. Là commission eut beau démontrer que le commerce de Saint-Brieuc et la commune elle-même, au point de vue de son octroi, souffraient de la situation privilégiée de la rive gauche, la réunion n’eut pas lieu. La question ne fut pas abandonnée pour cela et resta comme une pomme de discorde entre les habitants des deux rives du Gouët.

L’indépendance des magistrats municipaux de Saint-Brieuc se manifesta bientôt dans une discussion financière. Quatre commissaires avaient été chargés de vérifier les comptes communaux, de l’an iii à l’an viii. Ils ne purent trouver de pièces justificatives, les anciens maires n’ayant tenu note que des dépenses partielles, ou ayant obtenu décharge de leurs successeurs. Il fallut donc renoncer à déterminer les responsabilités et, comme il arrive à la suite d’un incendie, faire la part du feu, c’est-à-dire de la Révolution. Quand on voulut arrêter au moins l’actif et le passif de la commune, il se présenta une autre difficulté : Un arrêté du conseil de préfecture, du 29 germinal an ix, venait de déclarer domaine national l’Hôtel de Ville. Pour justifier cette décision, on remontait au décret du 15 août 1793 et l’on prétendait que la liquidation des dettes de la commune, ordonnée par ce décret, avait donné un passif