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au nombre, dit-on, de 247. On s’empressa de les faire sortir de la ville.

Les chouans avaient donc réussi dans leur projet ; mais si, dans le premier moment de stupeur, ils s’étaient emparés facilement des principaux postes, ils avaient bientôt rencontré, pour l’honneur de la cité, un peu de résistance. Au bruit de la fusillade, quelques braves citoyens s’étaient levés et dirigés naturellement vers la place. Cette place était un vrai traquenard d’où il était impossible de s’échapper. La plupart furent saisis, désarmés et jetés au poste. De ce nombre furent Désury, Balay, Olivier Morin, le lieutenant de gendarmerie Chrétien. Le capitaine Thomas fut moins heureux que son lieutenant : frappé de coups de bayonnette, il fut laissé pour mort, mais il guérit et devint général. Son maréchal des logis, Valin, mourut quelques jours après des suites de ses blessures. La gendarmerie fît donc bravement son devoir comme toujours. La troupe ne donna pas — nous l’avons dit. — Le général Casabianca ne sortit pas non plus de son logis. On a prétendu qu’arrivé de la veille, il ne voulait pas s’aventurer dans des rues qu’il ne connaissait pas et que d’ailleurs il croyait à la trahison. Les états de services de ce général protestent contre le sobriquet injurieux de Casa-Peura qui lui fut donné à cette occasion, et d’ailleurs comment aurait-il pu agir sans le concours des administrateurs de la ville et du département ?

Qu’étaient devenus ces administrateurs ? On n’en cite que deux qui soient accourus au feu : le président de l’administration départementale, Le Provost, et le commissaire du Directoire exécutif prés la municipalité, Poulain-Corbion. D’après le rapport officiel, qu’on ne peut suspecter dans cette circonstance, le président du département se serait jeté avec son fils dans un parti de chouans qu’il prenait pour des républicains, et, au moment d’être fusillé, il s’échappa par le plus grand des hasards. Poulain-Corbion fut arrêté pendant qu’il se rendait à la municipalité. Ayant fait connaître son titre, il fut sommé de crier : Vive le roi ! — Non, dit-il, vive la République !