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à la dépravation de l’esprit public dans cette commune, arrête : les membres composant actuellement l’administration municipale de Port-Brieux sont destitués. »

M. Langlois fut placé à la tête de la nouvelle administration et maintenu un peu plus tard par les électeurs. Sur un millier d’électeurs inscrits, il n’y en avait guère que la moitié à prendre part au scrutin. Les administrateurs commençaient aussi à devenir rares. Le gouvernement fut encore obligé de rappeler aux nouveaux que c’était pour eux un devoir d’accepter les fonctions électives. Poulain-Corbion fut nommé commissaire du Directoire exécutif près la municipalité, et la garde nationale, réorganisée par ordre du ministre de la police, eut pour commandant le citoyen Damar-Villeneuve.

À la suite du coup d’État de fructidor, il y eut un retour vers la Terreur. Les prêtres constitutionnels eux-mêmes n’étaient guère épargnés. Si l’évêque Jacob reparaissait en public, c’était pour prêter serment de haine à la royauté et à l’anarchie, ou pour s’excuser d’avoir convoqué sans autorisation ses derniers fidèles, en vue d’un concile projeté à Paris. Quant aux prêtres non assermentés, ils furent arrêtés et déportés. Les chouans, qui avaient un peu désarmé, reprirent la campagne, surtout quand ils virent quelques-uns de leurs chefs saisis et jetés en prison. Legris-Duval, de Kerigant, son beau-frère, et leurs jeunes et vaillantes femmes, furent arrêtés, dès le mois d’octobre, dans leurs demeures ou en voyage, avec un certain nombre de partisans et de serviteurs, en tout quarante personnes. On annonça qu’une grande conspiration royaliste venait d’être découverte et que les auteurs en seraient traduits devant un conseil de guerre. Le jugement n’eut lieu que dix mois après.

Tout en préparant la guerre civile par ses mesures impolitiques, le Directoire faisait célébrer des services funèbres en l’honneur de Hoche. Le nom de Hoche et le souvenir de ses efforts pour pacifier le pays étaient encore vivants dans les Côtes-du-Nord ; aussi, de toutes les inscriptions gravées sur le sarcophage, une seule aurait suffi