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n’usa de tolérance qu’à l’égard des dames de l’hôpital et des sœurs de Charité, parce qu’on ne pouvait se passer de leurs services.

Dès le 26 janvier, le principal du collège, M. Courcoux, avait fait connaître qu’il allait se retirer avec ses collègues, en disant que cette résolution lui était imposée par le décret sur la constitution civile du clergé. D’ailleurs, les élèves désertaient. Le conseil général du département, « désirant hâter le moment de faire germer les principes de la Révolution dans le cœur de la jeunesse, qui en doit principalement recueillir les avantages, » avait fait distribuer aux élèves des livres élémentaires sur les droits de l’homme et du citoyen. Appelés à étudier leurs droits plutôt que leurs devoirs, préférant l’exercice du fusil aux exercices latins, les jeunes citoyens réclamèrent la vie active. On essaya de les retenir encore un an avec des professeurs laïques. Bientôt professeurs et élèves firent également défaut. En même temps, pour remplacer les frères et les ursulines dans les écoles primaires, il fallut que la municipalité désignât trois citoyens et trois dames de Saint-Brieuc, qui prêtèrent serment « d’élever les enfants dans les principes constitutionnels. » On avait cru faire beaucoup en décrétant l’instruction primaire laïque et gratuite, et en promettant de l’organiser. La Révolution n’en eut pas le loisir.

La tâche des municipalités commençait du reste à devenir lourde, surtout au point de vue des finances et de la police. Elles étaient chargées de recevoir la déclaration des moyens de subsistance de chaque individu. Ceux qui refusaient de les déclarer étaient classés comme suspects, mot dont on a terriblement abusé dans la suite. L’administration municipale fît arrêter les lettres adressées aux suspects, désarma les gens « d’un caractère faible » et ne laissa d’armes qu’à ceux dont les opinions étaient suffisamment connues. En même temps, elle faisait fermer les églises des couvents et enlever les battants des cloches ; elle invitait l’évêque Jacob à bénir le drapeau de la garde nationale, que le député-colonel Poulain de Corbion avait