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gardes nationales et le département à la grande Fédération, sur le Champ de Mars[1]. À leur retour, le 5 août, la municipalité leur prépara une fête magnifique et les reçut à l’entrée de la ville. On accueillit avec enthousiasme la bannière donnée par la commune de Paris aux Côtes-du-Nord, quand elle parut portée par le sieur Brunot, de Guingamp, doyen d’âge, et escortée des députés de la fédération, de l’armée et de nombreux détachements de la garde nationale. Une troupe de jeunes citoyennes, vêtues de blanc, la précédait. Rien ne manquait à la cérémonie : ni les discours, ni le banquet, ni les danses avec l’illumination, ni même l’élan d’une population qui saluait avec une joie naïve l’aurore d’une ère nouvelle. Tout cela était sincère. La ville de Saint-Brieuc le prouva bien quand elle acheva, quelques jours après, sa souscription patriotique. Cette souscription avait produit, dans cinq mois de disette et de misère, 113,960 livres.

Au moment où la France célébrait la fête de la Fédération, l’Assemblée nationale décrétait la constitution civile du clergé, qui bouleversait toute l’organisation ecclésiastique. Le roi, après beaucoup d’hésitations, consentit à la sanctionner, et l’administration départementale, vivement sollicitée par son procureur-général syndic, l’abbé Armez, pressa les districts et les municipalités de la faire appliquer.

On ne croyait pas qu’il fût plus difficile de transformer le clergé séculier que de supprimer les couvents, d’autant plus que l’évêque, M. de Bellescize, si digne d’estime a tant d’égards, avait commis la faute d’abandonner son clergé et son diocèse depuis plusieurs années, pour résider à Paris. On fut donc étonné de rencontrer de la résistance. La suppression des chapitres de Saint-Guillaume et de la cathédrale, ordonnée par la nouvelle constitution, en fut le signal. Tous deux, en se retirant, déposèrent une énergique protestation. Celle du chapitre de la cathédrale, datée du 9 novembre, fut tellement remarquée que le dé-

  1. Les députés du district de Saint-Brieuc furent MM. Ruellan, Duclos, Champeaux, Chevalier, Boulard, Kergrist, Artur, Sauvage, Garnier, Lefebvre, Delatouche, Fortmorel, de La Ville-Bogard.