Page:Lamare - Histoire de la ville de Saint-Brieuc.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérieure ? En voici une qui se joua le jour de l’entrée de M. de Montclus à Saint-Brieuc, en 1728.

Conformément à une délibération solennelle, le maire avait, suivant l’usage, député six bourgeois avec un héraut pour aller « à la couchée de l’évêque » et le recevoir à l’entrée de l’évêché. Il avait été autorisé à faire monter à cheval, le lendemain, le plus grand nombre possible de Messieurs de la communauté, pour se porter au-devant de l’évêque et le conduire dans sa ville, et aussi à tirer le canon et à faire prendre les armes à tous les habitants. Tout s’était passé dans l’ordre convenu. La communauté s’était réunie dans la cour du palais, quatre notable portant les dais, pour accompagner l’évêque à l’église, où il devait prêter serment sur l’évangile, en présence du doyen du chapitre. Au moment où le cortège se mettait en marche, les sieurs du Cosquer et de Prépetit, avocats postulants au siège royal, Filly, Touzé et Le Gras, procureurs, voulurent précéder la communauté et employèrent à cet effet la violence à plusieurs reprises. La communauté fit dresser procès-verbal et porta plainte par devant le gouverneur de Bretagne. Le gouverneur de Saint-Brieuc, chargé d’instruire l’affaire, se prononça contre les avocats et les procureurs. Il leur ordonna de se présenter à l’assemblée de ville et de demander pardon des voies de fait auxquelles ils s’étaient livrés. Il les condamna de plus solidairement à 60 livres d’amende, applicables à l’hôpital. Il fallut s’exécuter.

Cette question des préséances préoccupait si fort les corps municipaux que le gouverneur de Bretagne fut obligé d’intervenir, en 1729, pour régler le cérémonial de la réception des Grands. Il décida que les députés des communautés n’iraient pas au-devant d’eux à plus d’une lieue et que, le compliment une fois fait, « ils retourneraient en ville par le plus court chemin, sans escorter le carrosse, ni se mêler en aucune sorte à la maréchaussée. »

Au siècle précédent, le jeune roi Louis XIII étant venu à Nantes, en 1614, avec la reine-mère, ouvrir la session des États de Bretagne, les députés du tiers étaient restés « un genouil en terre » pendant le discours de l’orateur des États.