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cette promesse se fit malheureusement attendre jusqu’au commencement de la Révolution.

Dans la pratique cependant la ville de Saint-Brieuc n’eut pas trop à se plaindre, car les notables de tous les ordres furent appelés à faire partie du conseil. À ceux que nous avons vus figurer dans l’arrêt de 1753 vinrent se joindre « les advocats et les marchands faisant commerce en gros, sans boutique ouverte, étalage ou enseigne à leur porte. »

Une surveillance plus exacte fut exercée par l’administration supérieure sur les dépenses des villes. Celle de Saint-Brieuc ayant voulu célébrer, en 1781, par des fêtes trop brillantes, la naissance du dauphin, l’intendant réduisit les frais. Ce fut au tour de la communauté de réclamer quand elle se vit augmentée de 3,400 livres sur la capitation, à l’occasion de la guerre d’Amérique, dans cette triste année 1782 où une épidémie avait frappé plus de 350 familles. La mauvaise récolte de 1783 et le terrible hiver de 1784 causèrent une grande misère, mais l’administration municipale fit preuve d’énergie. En même temps que le roi remettait à la communauté un arriéré sur les octrois et réduisait la part du Trésor dans cette imposition de 2,500 livres à 1,200, la ville entreprenait d’utiles travaux pour occuper les ouvriers et portait les dépenses de son budget à 15,588 l. 14 s. 6 d., ce qui non seulement absorba le produit de l’octroi, mais rendit nécessaire un emprunt de 12,000 livres. Ces travaux eurent lieu surtout au Légué. Nous en donnerons le détail en parlant du port, dans la troisième partie de ce chapitre.

Les travaux du Légué furent les derniers qu’on entreprit à Saint-Brieuc sous la monarchie. La révolution, commencée depuis longtemps dans les idées, allait éclater dans les faits. Les mesures prises contre les Parlements provoquèrent la résistance sur plusieurs points du royaume et notamment à Rennes. Le lieutenant-général comte de Thiard fît enregistrer, le 10 mai, des édits sur l’administration de la justice, avec un appareil militaire qui amena une protestation du Parlement et une émeute du peuple. Les