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peine capitale. Il fallut attendre seize mois avant d’obtenir des lettres de grâce, que la duchesse d’Estrées avait elle-même sollicitées. La Bretagne avait triomphé avec M. de Keratry, aussi plus de 1,500 gentilshommes lui firent-ils cortège quand il alla présenter ses lettres de grâce au Parlement.

Cet incident n’avait pas empêché les États de s’acquitter, pendant la session, de tous les devoirs que les convenances exigeaient à l’égard des étrangers de distinction, de « complimenter » la maréchale d’Estrées au sujet d’une indisposition du maréchal, et même, après que le roi eut ordonné de donner au maréchal une gratification de 15,000 livres, de demander l’autorisation d’offrir à la maréchale une somme de 10,000 livres.

Sur ce chapitre des libéralités, les États étaient de trop facile composition. Ils rachetèrent heureusement cette faute en réunissant dans leurs mains, sous un titre ou sous un autre, presque toute l’administration financière de la province. Ils y parvinrent en rachetant certains droits et en levant eux-mêmes la plupart des impôts, après en avoir obtenu l’abonnement. Ce partage de l’administration entre le roi et les États rendit nécessaire la création d’une commission intermédiaire, chargée de l’exécution des délibérations des États. On l’organisa définitivement en 1733. Elle comprenait à Rennes un bureau central de 18 commissaires et, dans chaque diocèse, un bureau de 9 commissaires fournis également par les trois ordres. Toute une administration s’occupait, sous la direction des commissaires, des détails du service.

Les États s’efforcèrent aussi d’améliorer la situation des villes. S’ils n’eurent pas sur les dépenses municipales un droit complet d’autorisation et de contrôle, ils obtinrent du moins que les comptes des miseurs ou receveurs municipaux fussent rendus, en présence des députés des États, à la Chambre des Comptes de Bretagne.

Dans cette période, l’organisation municipale de Saint-Brieuc fut encore une fois modifiée dans le sens peu libéral qui avait prévalu sous le règne de Louis XIV. Les offices