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Après tant de malheurs, la joie de la délivrance fut telle qu’on trouva, le 19 juin 1713, une somme de 150 livres pour tirer un feu d’artifice à l’occasion de la paix.

Le xviie siècle s’est donc terminé, comme le xvie, au milieu des désastres. À un point de vue particulier, il n’a été presque constamment, pour la ville de Saint-Brieuc, qu’un temps d’épreuves douloureuses, mais c’est à l’aide de pareils sacrifices qu’on assure le salut d’une nation.

III. — mœurs et usages.

Après avoir esquissé l’histoire de la ville de Saint-Brieuc au xviie siècle, dans ses traits les plus généraux, il ne sera peut-être pas sans intérêt de donner quelques détails sur la vie intérieure de ses habitants, à la même époque. Nous les puiserons, en grande partie, dans l’aveu et le terrier de l’évêché, rédigés, en 1690, par l’ordre de M. de Coëtlogon. Ces documents font connaître la situation, considérable encore, que l’évêque occupait, en tant que seigneur temporel, au double point de vue du fief et de la juridiction[1]. Nous aurons l’occasion d’indiquer, dans un autre chapitre, l’influence qu’il avait comme seigneur ecclésiastique.

Nous avons dit que l’évêque était seigneur de Saint-Brieuc. Cela est vrai d’une manière générale, mais on ne doit pas en conclure qu’il était le seul seigneur du fief. Le chapitre de la cathédrale possédait presque les deux tiers de la ville et se disait indépendant de l’évêque. Il en résulta des débats qui relâchèrent les liens de la discipline ecclésiastique et affaiblirent l’autorité des deux parties. Les procès étaient interminables à cette époque et faisaient la joie des procureurs. On en vint, en 1484, à une transaction qui fut confirmée et complétée, en 1622, du temps de

  1. On appelait fief une terre concédée par un seigneur dominant à un vassal, à charge de certains devoirs ; juridiction, le pouvoir de dire le droit, ou de juger en matière civile et criminelle.