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à plusieurs points de vue, pour la ville de Saint-Brieuc. Une tempête l’ayant ravagée dans la nuit du 29 au 30 décembre 1705, elle fut obligée d’exposer sa détresse aux États réunis à Vitré. Il fallut quand même continuer le paiement des impôts, et égailler, dans les années 1708 et 1709, la somme de 14,653 livres 8 sous 11 deniers. Cette somme, assez considérable pour le temps, dépassait les ressources de la population, puisque la communauté se trouva dans l’impossibilité de solder l’arriéré qu’on lui réclamait en même temps sur le prix des charges municipales. On fit encore preuve de bonne volonté pour loger des troupes et recevoir à leur passage, en 1708, le lieutenant général de Vibray, chargé de visiter les côtes de l’évêché, et le maréchal de Châteaurenaut, commandant en Bretagne. Puis vint l’année 1709, l’année du grand hiver, qui a laissé dans toute la France un si cruel souvenir. On s’exécuta tant qu’on le put, sans proférer une plainte, même quand l’intendant fit réclamer pour l’armée, au milieu de ce terrible hiver, 300 sacs de froment, 50 de seigle et 50 d’orge, de 220 livres chacun. Y a-t-il quelque chose de plus éloquent, en pareilles circonstances, que le simple exposé des faits dans le registre des délibérations ?

Une session des États réunie à Saint-Brieuc, le 16 novembre 1709, sous la présidence de l’évêque, M. de Boissieux, fut employée à trouver les moyens de venir en aide au roi. On racheta notamment, pour 140,000 livres, des charges de justice nouvellement créées. En l’absence d’un système régulier de finances, le gouvernement était réduit à faire argent de tout.

À la capitation, il fallut ajouter, à partir du 1er octobre 1710, l’impôt du Dixième, qu’on leva sur les biens fonds et les revenus de toute nature, même sur les deniers d’octroi des villes.