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prisons en lieu commode pour l’exercice de la juridiction. Ils se pressèrent néanmoins si peu d’obéir, que Pierre Briand, procureur du roi, acheta pour eux, le 12 mai 1609, le manoir de la Grange, appartenant aux héritiers Damar, et les contraignit à en payer le prix, s’élevant à 7,800 livres. Cette vaste demeure put contenir non seulement la Cour royale, mais les assemblées des habitants. On y annexa dans la suite deux maisons contiguës, qui coûtèrent 9,500 livres, ce qui permit d’y loger le gouverneur et toute l’administration civile.

Les bourgeois ne comprenaient pas encore combien il était important pour eux d’avoir un hôtel de ville, et cependant ce n’est qu’à partir de ce moment que leur communauté s’organisa sérieusement. En 1614, ils obtinrent du roi « les sauvegardes et sûretés nécessaires pour la conservation de cette communauté. » Ils se regardaient si bien comme les représentants de l’ancien général de la paroisse qu’ils continuèrent d’en nommer les trésoriers, d’en garder les archives et d’en porter le nom. On lit en effet, en tête du premier registre des délibérations, daté de 1618, que « l’assemblée du général des nobles bourgeois et habitants de Saint-Brieuc se réunit en forme de corps politique, à la diligence d’André Du Val, sieur de La Ville-Calmet, procureur-syndic. »

La constitution de ces assemblées est curieuse à étudier[1]. On distingue déjà les ordinaires, tenues une fois par mois, et les extraordinaires. On nomme à l’avance, comme par le passé, quatre procureurs-syndics, qui doivent entrer en charge successivement, le 1er octobre de chaque année. Sur les réquisitions du procureur-syndic, on arrête la liste de ceux qui auront voix délibérative : le syndic en charge ; les anciens syndics ; les trésoriers de la fabrique et de l’hôpital ; vingt habitants nommés, tous les six mois, par l’assemblée, suivant les règlements de la Cour ; « en plus, des chefs et enfants de bonne et ancienne famille,

  1. Tous ces renseignements et ceux que nous donnerons dans la suite sur la communauté de ville sont empruntés aux archives municipales.