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roturier des fouages[1], une contribution fixe, connue sous le nom d’aides. Tout cela supposait une certaine administration, qu’il eût été dangereux de confondre avec celle de la paroisse. Nous allons en trouver les principaux éléments dans le compte du syndic, de 1591 à 1592, qui nous a fourni tant de détails historiques.

Ce compte est présenté par Compadre à son successeur, par devant des commissaires élus par le général des bourgeois et habitants, en attendant une vérification supérieure. Si le syndic se rend pour certaines affaires à l’église paroissiale, il parle aussi de l’assemblée de ville, de l’assemblée des bourgeois et habitants, qu’il réunit quelquefois en son logis, pour conférer, quand il y a urgence. Les délibérations portent sur les emprunts, les dépenses particulières à cette époque, telles que la défense de la ville, les achats de vin ; sur la nomination des égailleurs des impôts dans les différents quartiers, et toutes les affaires d’intérêt général.

En comparant les deux comptes, rendus, la même année, par Henri Compadre, on doit en conclure, ce nous semble, que dans l’assemblée générale des paroissiens, qui se réunissait encore dans certains cas, il s’était formé une petite assemblée des bourgeois influents, qui dirigeait simultanément les affaires de la ville et celles de la paroisse, tout en séparant les comptes. Il n’y avait pas encore antagonisme entre l’élément civil et l’élément religieux, mais une simple tendance à faire prédominer le premier. L’influence de la Cour royale, établie à Saint-Brieuc, n’avait point dû rester étrangère à ce mouvement ; la richesse acquise par la bourgeoisie dans le commerce, les guerres de la Ligue et l’absence de l’évêque Langelier en favorisèrent le développement.

Le procureur-syndic ayant été, à cette époque, non seulement le comptable, mais le véritable représentant de

  1. Les fouages ordinaires étaient une espèce de taille levée sur les biens roturiers qu’on divisait par feux (étendue de terre plutôt qu’habitation). C’était une taxe foncière, mais de plus personnelle, parce que le noble qui faisait valoir sa terre roturière n’y était pas soumis.