Page:Lamarck - Philosophie zoologique 2.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de considérer qu’une même cause varie nécessairement dans ses produits, lorsqu’elle agit sur des objets différens par leur nature et les circonstances qui les concernent, ils ont pris, pour expliquer les faits observés, une route tout-à-fait opposée à celle qu’il falloit suivre.

En effet, on a dit que les corps vivans avoient la faculté de résister aux lois et aux forces auxquelles tous les corps non vivans ou de matière inerte sont assujettis, et qu’ils se régissoient par des lois qui leur étoient particulières.

Rien n’est moins vraisemblable, et n’est, en effet, moins prouvé, que cette prétendue faculté qu’on attribue aux corps vivans, de résister aux forces auxquelles tous les autres corps sont soumis.

Cette opinion, qui est à peu près généralement admise, puisqu’on la trouve exposée dans tous les ouvrages modernes qui traitent de ce sujet, me paroît avoir été imaginée ; d’une part, par l’embarras où l’on s’est trouvé lorsqu’on a voulu expliquer les causes des différens phénomènes de la vie ; et de l’autre part, par la considération, intérieurement sentie, de la faculté que possèdent les corps vivans, de former eux-mêmes leur propre substance, de réparer les altérations que subissent les matières qui composent leurs parties ; enfin, de donner lieu à des combinaisons qui n’eussent jamais existé sans eux. Ainsi,