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chaque individu de notre espèce qui considéreroit l’aiguille des heures de cette pendule, ne la verroit jamais changer de place dans le cours de sa vie, quoique cette aiguille ne soit réellement pas stationnaire. Les observations de trente générations n’apprendroient rien de bien évident sur le déplacement de cette aiguille, car son mouvement n’étant que celui qui s’opère pendant une demi-minute, seroit trop peu de chose pour être bien saisi ; et si des observations beaucoup plus anciennes apprenoient que cette même aiguille a réellement changé de place, ceux qui en verroient l’énoncé n’y croiroient pas et supposeroient quelqu’erreur, chacun ayant toujours vu l’aiguille sur le même point du cadran.

Je laisse à mes lecteurs toutes les applications à faire relativement à cette considération.

La Nature, cet ensemble immense d’êtres et de corps divers, dans toutes les parties duquel subsiste un cercle éternel de mouvemens et de changemens que des lois régissent ; ensemble seul immutable, tant qu’il plaira à son SUBLIME AUTEUR de le faire exister, doit être considérée comme un tout constitué par ses parties, dans un but que son Auteur seul connoit, et non pour aucune d’elles exclusivement.

Chaque partie devant nécessairement changer et cesser d’être pour en constituer une autre,