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leurs actions, et ils font rarement usage du degré de raison qu’ils possèdent. L’homme, qui vient ensuite, a aussi de l'instinct qui, dans certaines circonstances, le fait agir ; mais il est susceptible d’acquérir beaucoup de raison, et de l’employer à diriger la plupart des actions qu’il exécute.

Outre la raison individuelle dont je viens de parler, il s’établit dans chaque pays, et chaque région du globe, selon les lumières des hommes qui les habitent, et selon quelques autres causes influentes, une raison publique, ou à peu près générale, qui se maintient jusqu’à ce que des causes nouvelles et suffisantes viennent la changer. Or, de part et d’autre, la raison individuelle et la raison publique sont toujours constituées par un degré quelconque dans la rectitude des jugemens.

Il y a, en effet, un assentiment général dans une société, ou dans une nation, pour une erreur, pour une opinion fausse, ainsi que pour une vérité reconnue ; en sorte que des erreurs, des préjugés, et des vérités diverses, composent les produits de l’état de rectitude des jugemens, soit dans les individus, soit dans les opinions admises dans des sociétés, des corps, des nations, selon les siècles ou les temps considérés.

On doit donc reconnoître les progrès plus ou moins grands de la raison dans un peuple, dans une société, de même que dans un individu.