Page:Lamarck - Philosophie zoologique 2.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gement, dans le chapitre VI de cette partie, je sortirois du plan que je me suis tracé, et des bornes qu’il exige, si j’entrois dans les détails des causes nombreuses qui contribuent à altérer le jugement, et si j’entreprenois de les développer. Il suffit à l’objet que j’ai en vue, de faire remarquer que quantité de causes nuisent, en général, à la rectitude des jugemens que nous exécutons ; et qu’à cet égard, il y a autant de diversité dans les jugemens des hommes, qu’il y en a dans l’état physique, les circonstances, les penchans, les lumières, le sexe, l’âge, etc., des individus.

Que l’on ne s’étonne donc point de la discordance constante, mais non générale, que l’on observe dans les jugemens que l’on porte sur une pensée, un raisonnement, un ouvrage, enfin, un sujet quelconque, dans lesquels chacun ne peut voir que ce qu’il a jugé lui-même, que ce qu’il peut concevoir, à raison de la nature et de l’étendue de ses connoissances, en un mot, que ce qu’il peut saisir, selon le degré d’attention qu’il peut donner aux sujets qui s’offrent à sa pensée. Que de personnes, d’ailleurs, se sont fait une habitude de ne juger presque rien par elles-mêmes, et, conséquemment, de s’en rapporter, à peu près, surtout au jugement des autres !