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toute la portion libre du fluide nerveux, qu’elle fait exprimer les idées et les pensées désordonnées que l’on ressent, et exécuter des actions pareillement désordonnées : dans ce cas, on éprouve ce qu’on nomme le délire.

Le délire ressemble donc aux songes par le désordre des idées, des pensées et des jugemens ; et il est évident que ce désordre, dans les deux cas que je viens de citer, provient de ce que le sentiment intérieur se trouvant suspendu dans ses fonctions, ne dirige plus les mouvemens du fluide nerveux[1].

Mais la violence de l’agitation nerveuse qui occasionne le délire, est cause que ce phénomène n’est pas seulement le produit d’une grande irritation, mais qu’il est aussi quelquefois celui d’une affection morale très-forte ; en sorte que les individus qui l’éprouvent ne jouissent alors que très-imparfaitement de leur connoissance ; car leur

  1. Quant au délire vague, ou aux espèces de vertiges que l’on éprouve ordinairement lorsqu’on commence à s’endormir, cela tient principalement à ce que le sentiment intérieur cessant alors de diriger les mouvements du fluide nerveux enore agité, reprend et abandonne successivement cette fonction, avec quelques alternatives, jusqu’à ce que le someil soit tout-à-fait arrivé.