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mot, un objet dont il n’auroit eu aucune connoissance.

Une personne qui, depuis son enfance, se trouveroit renfermée dans une chambre qui ne recevroit le jour que par le haut, et à qui l’on fourniroit ce qui lui seroit nécessaire, sans communiquer avec elle, ne verroit jamais assurément, dans ses songes, aucun des objets qui affectent tant les hommes dans la société.

Ainsi, les songes nous montrent le mécanisme de la mémoire, comme celle-ci nous fait connoître celui des idées ; et lorsque je vois mon chien rêver, aboyer en dormant, et donner des signes non équivoques des pensées qui l’agitent, je demeure convaincu qu’il a aussi des idées, quelque bornées qu’elles puissent être.

Ce n’est pas seulement pendant le sommeil que le sentiment intérieur peut se trouver suspendu ou troublé dans ses fonctions. Pendant la veille, tantôt une émotion forte et subite suspend entièrement les fonctions de ce sentiment, et même tous les mouvemens de la portion libre du fluide nerveux ; alors on éprouve la syncope, c’est-à-dire, on perd toute connoissance et la faculté d’agir ; et tantôt une irritation considérable ou générale, comme celle qui s’exécute dans certaines fièvres, suspend encore les fonctions du sentiment intérieur, et néanmoins agite tellement