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la conscience de nos idées, de nos pensées, de nos jugemens, etc. C’est une pareille confusion du sentiment moral avec le sentiment physique, qui a fait croire que tout être qui possède la faculté de sentir, avoit aussi celle d’exécuter des actes d’intelligence, ce qui, certainement, ne sauroit être fondé.

Les sensations nous avertissent, sans doute, de notre existence ; mais c’est seulement lorsque nous les remarquons. Il faut donc pouvoir les remarquer, c’est-à-dire, y penser, y donner de l’attention, et voilà des actes d’intelligence.

Ainsi, à l’égard de l’homme et des animaux les plus parfaits, les sensations remarquées avertissent de l’existence, et donnent des idées ; mais relativement aux animaux plus imparfaits, tels, par exemple, que les insectes, en qui je ne reconnois point d’organe pour l’intelligence, les sensations ne sauroient être remarquées, ni donner des idées ; et elles ne peuvent former que de simples perceptions des objets qui affectent l’individu.

L'insecte jouit cependant d’un sentiment intérieur susceptible d’émotions qui le font agir ; mais comme aucune idée n’y est rapportée, il ne peut remarquer son existence, en un mot, il n’éprouve jamais de sentiment moral.

C’est donc à l’égard de tout être doué d’intel-