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penchant en activité, du fluide nerveux aux muscles qui doivent agir.

J’ai déjà dit que l’habitude d’exercer tel organe, ou telle partie du corps, pour satisfaire à des besoins qui renaissent souvent, donnoit au fluide subtil qui se déplace, lorsque s’opère la puissance qui fait agir, une si grande facilité à se diriger vers cet organe, où il fut si souvent employé, que cette habitude devenoit en quelque sorte inhérente à la nature de l’individu, qui ne sauroit être libre d’en changer.

Or, les besoins des animaux qui possèdent un système nerveux, étant, pour chacun, selon l’organisation de ces corps vivans :

1°. De prendre telle sorte de nourriture ;

2°. De se livrer à la fécondation sexuelle que sollicitent en eux certaines sensations ;

3°. De fuir la douleur ;

4°. De chercher le plaisir ou le bien-être.

Ils contractent, pour satisfaire à ces besoins, diverses sortes d’habitudes, qui se transforment, en eux, en autant de penchans, auxquels ils ne peuvent résister, et qu’ils ne peuvent changer eux-mêmes. De là, l’origine de leurs actions habituelles, et de leurs inclinations particulières, auxquelles on a donné le nom d’instinct[1].

  1. De même que tous les animaux ne jouissent pas de la faculté d’exécuter des actes de volonté, de même pareillement l’instinct n’est pas le propre de tous les animaux qui existent, car ceux qui manquent de système nerveux, manquent aussi de sentiment intérieur, et ne sauroient avoir aucun instinct pour leurs actions.
    Ces animaux imparfaits sont entièrement passifs, n’opèrent rien par eux-mêmes, ne ressentent aucun besoin, et la nature, à leur égard, pourvoit à tout, comme elle le fait relativmenet aux végétaux. Or, comme ils sont irritables dans leurs parties, les moyens que la nature emploie pour les faire subsister, leur font exécuter des mouvemens que nous nommons des actions.